Naturisme et sexualité

Introduction

« Le naturisme et la sexualité » est un sujet qui a longtemps été débattu dans les revues naturistes mais qui, au-jourd’hui, n’est abordé que rarement. Les magazines naturistes n’étaient pas les seuls à aborder le sujet, ils apportaient l’éclairage du naturisme au sein d’un mouvement d’idées qui suscitait le scandale et qui s’exprimait par exemple, dans la Revue française de Psychanalyse (fondée en 1927), dont le lectorat débordait largement des milieux médicaux. Concernant l’éducation, les publications périodiques de l’Education Nouvelle (à partir de 1899) s’adressaient à un lectorat français, suisse et belge de parents et d’enseignants, et entre autres progrès, demandaient l’institution d’une éducation sexuelle afin que les enfants et adolescents ne soient pas livrés aux hasards des fantasmes et des expériences malencontreuses. On peut citer aussi la revendication d’une éduca-tion sexuelle, à partir des années 20, dans le magazine fondé et animé par le grand pédagogue français Cé-lestin Freinet. Mais tout cela s’adressait à un public restreint, non conservateur, soucieux de réflexion et de pro-grès.

De nos jours, de nombreux livres, magazines, émissions de télévision, parlent de sexualité, nos articles appa-raissent donc moins nécessaires. Pour autant, un paramètre manque à l’ensemble des articles existants : celui de la nudité familiale, saine et naturelle pratiquée en commun. Quand elle est étudiée, cette situation est sou-vent mal analysée par les psychologues, pédopsychiatres, écrivains ou autres. Il convient donc de ne pas laisser des non-pratiquants donner une description faussée, ou incomplète, de notre mode de vie.

La nudité naturiste a une dimension pédagogique, morale, ludique et épanouissante qu’il est nécessaire de promouvoir pour une reconnaissance plus étendue de notre mode de vie. Cela a un impact sur notre vie intime que peu de naturistes réalisent, notamment à cause de nombreux préjugés et de peurs auxquels nous sommes confrontés. La première de ces craintes est que la nudité soit associée à une sexualité débridée en public, ce que tous les naturistes réprouvent. Tout au long de ce dossier, qui n’a pas la prétention d’être exhaustif, nous aborderons les différents thèmes qui s’intercalent entre le naturisme et la sexualité tels le poids de la religion, les hypocrisies, les dérives, le mal-être ou la pudeur. Des sujets qui ne sont pas toujours en relation directe avec notre pratique mais que nous percevons parfois différemment par rapport à quelqu’un qui ne pratique pas le naturisme.

Le sujet est épineux car il touche aussi bien le domaine du couple ou l’éducation des enfants que le développe-ment personnel, soit une vision quelque peu subjective concernant l’intimité de chacun. Le terme « sexualité » est aussi péjoratif, il fait immédiatement penser à l’acte. Ce qui attribue à notre mode de vie une visionLorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.

 

« Si vous défiez l’hypocrisie ambiante, si vous mettez à jour la structure des relations hommes et femmes dans la classe dominante et que vous tentez de vivre de façon authentique, alors vous ne pouvez faire l’impasse sur leurs relations sexuelles. » 

Professeur Eileen Boris (Université de Santa Barbara, Californie), citée dans le documentaire Monte Vérità (Arte) 

 

Mise au point 

Au XXIe siècle, il est malheureux que la nudité soit encore sujette à préjugés, sous-entendus et autres moqueries. Il est donc nécessaire d’apporter ici quelques précisions : ce n’est pas parce qu’on est nu qu’on a un comportement indécent ou impudique. La nudité nous impose une attitude réservée envers au-trui. Ceci peut sembler paradoxal, mais par essence même, le naturiste est pudique : pas de gestes équi-voques ou de plaisanteries douteuses de sa part. 

Pour nous, c’est une évidence, cela s’appelle le res-pect. Des valeurs qu’une partie de la société oublie ou dénie. 

Nous, nous en faisons le socle de notre art de vivre. Nous soutenons une pratique saine de la nudité en commun ; dans cette optique, l’expression de notre vie sexuelle doit rester du domaine privé. Plutôt moins fréquents que dans les campings et plages tradition-nelles, les comportements sexuels publics dans nos centres ou sur nos plages sont rapidement détectés et fermement réprouvés. D’ailleurs, il convient de rappe-ler à tous que la loi sur l’exhibitionnisme est appli-cable partout, y compris au sein des lieux dédiés au naturisme. Ce n’est pas parce qu’un lieu est déclaré naturiste qu’il est admis de se livrer à des ébats amoureux à la vue de tous. Ce qui prouve, s’il en est encore besoin, que cette loi n’est pas directement en rapport avec le naturisme, elle concerne uniquement l’exhibitionnisme, une attitude provocante visant explicitement à choquer quel que soit l’endroit. 

Bien sûr, nous ne sous-entendons pas qu’une pratique libertine de la sexualité serait malsaine mais elle doit se dérouler uniquement en présence de personnes consentantes, majeures, et dans un lieu privé clos. Par contre, cette sexualité n’est pas à classer dans une catégorie du naturisme, même si quelques naturistes la pratiquent. Tant que ceux-ci ne confondent pas libertinage et naturisme, on ne peut rien leur reprocher, ce choix leur ap-partient. Mais en aucun cas, le libertinage n’est une branche du naturisme comme l’affirment quelques journa-listes mal informés ou avides d’audimat. 

Même s’il est fondamental, ne réduisons pas la sexualité à l’acte sexuel. Il ne s’agit pas ici de faire une étude moralisatrice qui parlerait de sexualité sans évoquer le sexe mais il est évident qu’une sexualité épanouie ne peut pas se résumer à l’acte. Une relation harmonieuse avec un être cher et aimé, ce sont des attentions, de l’écoute, une compréhension réciproque, de la tolérance, des concessions, voire une admiration. Par ailleurs, la jalousie n’y a pas sa place : preuve de l’amour qu’on leur porte pour certains, poison du couple pour d’autres, le naturiste l’appréhendera avec tempérance. Car la nudité en commun apprend à avoir confiance, aussi bien en soi, qu’envers l’être aimé(e). Et cette confiance est la plus belle des preuves d’amour. 

« L’histoire de la nudité, des origines à nos jours, c’est l’histoire de la sexualité, en réalité, l’histoire de l’homme » (Marcel Kienné de Mongeot, Vivre d’abord, juillet-aout 1961) 

Naturisme, nudité et sexualité 

Mettre des mots sur un ressenti est forcément difficile. Le naturisme est un bien-être, on aurait juste envie de dire qu’être nu est épanouissant. Est-ce suffisant pour comprendre le rapport qui s’instaure entre notre nudité et notre corps ? 

Si l’on excepte les personnes qui ont fait voeu de chasteté par conviction religieuse ou philosophique, tout le monde admet aujourd’hui qu’un épanouissement sexuel est primordial pour se sentir bien dans sa peau. Qu’apporte dans ce contexte la pratique du naturisme ? 

Le risque d’une réflexion détaillée est qu’elle soit subjective. Par contre, si nous restons vagues, l’explication devient trop générale et n’apporte rien. Essayons d’analyser le rapport qu’entretiennent les naturistes avec leur corps, en toute franchise, cela permettra aussi de contrecarrer quelques idées reçues. 

L’ambiguïté est de dire que la sexualité n’a rien à voir avec le naturisme tout en déclarant que celui-ci aiderait à un épanouissement sexuel plus ou moins inconscient. La relation naturisme/sexualité existe, il serait hypocrite de le nier. Elle est peut être ressentie différemment selon le vécu et la pudeur de chacun, mais il est certain que l’éthique naturiste la veut empreinte de retenue et de respect. Cette relation est dans le ressenti, elle n’est pas physique. Elle se trouve dans ce rapport direct avec les éléments naturels dont l’ensemble de notre peau capte les bienfaits. Elle est dans les regards échangés avec l’autre. En nous voyant réciproquement nus, nous expri-mons mutuellement notre respect, sans accorder d’importance à notre physique, notre âge ou notre sexe. Atta-ché aux valeurs de respects et de tolérance, le naturisme nous apprend à apprécier la beauté sans la jalouser, ni la convoiter. Une pratique régulière nous permettra de comprendre qu’une personne âgée nue est belle dans l’acceptation de son corps et dans le sentiment de bien-être qu’elle dégage. Nous sommes donc au-delà d’une appréciation simplement esthétique, il s’agit ici de reconnaitre la beauté intrinsèque qui embellit l’être. La nudité nous apprend à voir l’ensemble d’une personne, dans sa globalité, car il n’y a pas de vêtement moulant, fluo-rescent ou provocant pour souligner une partie du corps plus qu’une autre. La vision de la nudité des autres a une exigence morale, dans le sens où cela nous enseigne à apprécier ce qui nous entoure. C’est cet ensemble de facteurs, ce bien-être général, qui provoque un épanouissement de nos sens et, par conséquent, de notre sexualité. 

Par notre nudité, notre sexe est visible de tous mais ce n’est pas une partie du corps que nous considérons plus importante qu’une autre, il fait partie d’un ensemble. Il n’est pas séparé du reste. Notre société nous apprend moins maintenant à en avoir honte, à le dénigrer, mais elle continue souvent à nous le désigner comme objet de plaisanteries salaces. En réalité, en donnant la vie, le sexe est noble et mérite donc le respect au même titre que nos facultés intellectuelles. Pourtant, on le cache alors que d’autres zones ont également un rôle dans l’ac-couplement comme les mains, la bouche, les seins, les hanches, les fesses. Doit-on cacher ces zones sous pré-texte qu’elles interviennent également dans l’acte sexuel ? Cette attitude serait une négation de l’être, synonyme de dévalorisation de soi et source de complexes et de troubles psychologiques. 

Aujourd’hui, une alternative semble s’imposer à nous : soit avoir honte de notre sexe, soit l’exhiber à outrance. Le naturisme propose un juste milieu, une recherche de l’équilibre entre la pruderie excessive et l’exhibition souvent maladive ou à but commercial, c’est la solution de la nudité naturelle, assumée et bienfaisante. Celle qui nous apprend que la nudité n’est pas sale, ni honteuse, qu’elle assure un équilibre de l’être et un épanouissement intérieur. Cette voie médiane nous permet d’assumer le plai-sir ressenti au contact des éléments sans nous sentir cou-pables. La détente des sens est intégrale, nous faisons corps avec ce qui nous entoure. Replacer le corps, dans son en-semble, dans un contexte sain, tel est un des buts éducatifs, moraux, sociaux que doit défendre le mouvement naturiste. La nudité saine n’est en rien une nudité sexuelle car « sa franchise ôte à l’imagination érotique toute occasion de s’éveiller » (Kienné de Mongeot). 

A l’inverse de l’exploitation commerciale de la nudité porno-graphique qui dégrade les êtres, la nudité en commun dans un cadre sain est harmonisante et libératrice. 

« Pour beaucoup de nos contemporains, le nu n’évoque que les plaisirs de l’alcôve, parce qu’ils n’ont l’occasion de le voir que là : simple association d’images. Lorsque la nudité sera de rencontre fréquente, lorsque les hommes travailleront nus, joueront nus, vivront nus, elle n’évoquera pas un acte plutôt qu’un autre. Le corps cessera d’être un fétiche sexuel pour reprendre toute sa valeur » (Henri Nadel, La nudité et la morale). 

Le poids de la religion sous forme traditionaliste et des tabous 

Nous n’en sommes plus à proclamer que « nous ne devons jamais avoir honte de ce que Dieu n’a pas eu honte de créer » (Clément d’Alexandrie, Livre II, chapitre X, cf II, C. VI). Nos ancêtres ont beaucoup lutté contre les différentes ligues de défense de la morale et des valeurs familiales pour faire passer leurs idées auprès du grand public. En dépit des efforts fournis, d’une part, et à l’ancienneté de notre pratique, d’autre part, nous n’avons pas beaucoup progressé. Il est paradoxal qu’un mode de vie aussi simple en soi, soulève autant de mépris et d’incompréhensions. Il faudrait plus qu’un simple chapitre pour tenter de répondre à cette probléma-tique. 

On nous dit que notre sexe ne devrait être dévoilé qu’à celui, ou à celle, qui partage notre vie. Où commence la nudité ? Qu’en est-il alors des seins si longtemps obligés d’être emmaillotés à la plage ? Et des fesses ? Celles-ci doivent-elles être aussi réservées uniquement à notre conjoint ? On voit bien que ces répliques pudi-bondes ne sont pas réfléchies et que le sujet est bien plus complexe. Kienné De Mongeot écrit dans Beauté et Libre Culture (Éditions de Vivre, 1931) que l’origine de cette pudibonderie viendrait du mythe d’Adam et Ève. Depuis, ajoute-t-il : « C’est de l’interprétation du péché originel qu’est né le préjugé sexuel, d’où la crainte et la condamnation de la nudité ». Il ne nous appartient pas de donner un avis sur cette analyse mais elle mérite d’être soulignée. Il est évident que le fait de dénigrer le corps, et le sexe en particulier, donc la nudité, est un obstacle à un total épanouissement de notre sexualité. 

Il convient de préciser que d’autres éminents représentants de l’église ont une vision moins réticente en ce qui concerne la nudité, comme Jean Paul II : « N’ayez pas honte de votre masculinité ou de votre féminité, même dans leurs aspects physiques » (Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, 1998, cité par Yves Semen, La sexualité selon Jean Paul II, 2004). 

Parfois provoqués par la religion, les tabous régissent les comportements humains en fonction de l’éducation, des coutumes familiales ou des usages. Pour la plupart, ils relèvent d’un « non-dit » venant d’un ressenti propre difficilement identifiable. On pourrait les décrire comme des données artificielles non objectives relevant quel-quefois d’un mal-être. Certaines personnes auront une somme de tabous plus ou moins importants, allant même jusqu’à considérer que se montrer nu devant son compagnon est inconvenant. Parfois, ces tabous frei-nent l’épanouissement sexuel au sein d’un couple, provoquant disputes, souffrances psychologiques et infidéli-tés. D’autres limiteront leurs tabous à des dérives que tous considèrent criminels comme la zoophilie, l’inceste ou la pédophilie. L’être humain doit savoir maîtriser ses tabous, parfois les surpasser par amour, en vue d’un bien-être plus complet. Les tabous peuvent aussi être liés à une mauvaise estime de soi (par exemple, je ne me montre pas nu à mon mari car je n’aime pas mon corps). Par une pratique régulière de la nudité, le naturisme peut aider à débloquer ces freins qui empêchent d’atteindre cet épanouissement corporel et psychologique tant convoité. Malgré tout, il est probable qu’une personne qui ne se montre pas nue devant son compagnon ne sera pas nue devant des inconnus à la plage. C’est toute l’ambivalence d’une analyse qui ne prétend pas dé-voiler de solutions miracles. 

Toutefois, d’autres causes peuvent être mises en avant comme celle du poids de la mode, des rumeurs, de la méfiance des autres, mais également un sentiment de vulnérabilité face à sa propre nudité peut entrainer un sentiment de malaise. 

« La nudité est la tentation. Or, la tentation est le début du péché. » (Abbé Bethléem, défenseur auto-proclamé des valeurs chrétiennes et familiales entre 1905 et 1940) 

Entre hypocrisie, pudeur et dérives 

Hypocrisie 

Démarrons l’analyse sur un constat : bien que nous considérions la vie naturiste comme non sexualisée, les naturistes ne sont pas des êtres asexués. 

La société est hypocrite, elle condamne ce qu’elle ne comprend pas parce qu’elle ne peut pas le maîtriser. Pour une partie de la population, la nudité ne peut être vécue en commun avec le sexe « opposé » en toute inno-cence. Elle dénigre cette nudité non sexualisée car la société voit le nu à travers l’érotisation des corps, une vision imposée par les médias. Dans cette société, où l’homme dominant impose ses vues, la nudité féminine est comprise et acceptée surtout quand elle est excitante. Cette réalité s’est aggravée récemment avec l’appari-tion du porno-chic destiné au grand public par le biais des publicités. Plus ça choque, plus ça fait le « buzz » et plus le produit se vend. Quant à la nudité masculine, elle est encore tabou. Ce qui revient à dire que la société accepte une nudité érotique, voire pornographique, car celle-ci semble être « sous contrôle ». Prenons un exemple simple : la création de chaînes câblées estampillées « X » n’a soulevé aucun tollé. Par contre, on nous impose le floutage des sexes lors des reportages télévisés sur le naturisme, rabaissant ainsi notre pratique à la simple exposition des sexes. 

« N’oubliez pas que la pudeur n’est qu’un bouclier contre l’oeil de l’impur. Et quand l’impur disparaît, que devient la pudeur sinon une entrave et une souillure de l’esprit ? » (Khalil Gibran) 

Extrait de la revue « Garrigues » de juillet 1984 des Jésuites de La Baume-les-Aix (Aix-en-Provence). Ces hommes de foi fréquentaient le domaine du Jas du Sarraire à Jouques dans les années 80 

Cette sexualisation de la nudité fait marcher le commerce, une majorité d’hommes reconnaissent qu’une femme en string est plus excitante qu’une femme nue, c’est l’intérêt de fantasmer sur ce qui est caché qui est intéressant. La pratique du naturisme ne rend pas vertueux d’office mais elle supprime les artifices qui enjolivent et soulignent les formes. La femme devient l’égale de l’homme car elle ne figure plus comme une proie poten-tielle mais comme une personne physique dans son ensemble, à part entière. 

Cette hypocrisie ambiante autour du corps, le naturisme doit aider à la contrer par des arguments. Mais pour y arriver, nous devons, nous aussi, ne pas être hypocrites face à notre mode de vie. Pour être crédibles, ne fai-sons pas passer les naturistes pour des anges puritains. Nous ne sommes pas différents des autres, nous ai-mons aussi vivre notre sexualité mais nous avons la faculté de ne pas mélanger vie sexuelle et naturisme. Notre société vit sur une dichotomie profonde du corps, la zone génitale étant, consciemment ou non, régulièrement considérée comme « à part » du reste de celui-ci. Une des fonctions du naturisme est de réduire cette dichoto-mie, de réunifier et donc de mieux accepter notre corps. Dans ces conditions, enlever le « dernier rempart de la pudeur » (expression trouvée dans beaucoup de romans !) ne contribue pas, en effet, à entraîner des dérives. Notre art de vivre sépare naturellement notre vie privée de la vie en communauté ; c’est aussi une question de « savoir-vivre », bien plus qu’un souci de pudeur. Si le vêtement pouvait empêcher les dérives, il y aurait beau-coup moins de viols et d’agressions de toutes sortes. 

A contrario, nous n’affirmons pas non plus que tous ceux qui ne seraient pas naturistes n’auraient pas une vie sexuelle correcte. La nature humaine est naturellement diversifiée ; il serait illusoire de la départager entre deux catégories distinctes. Le but ici est bien d’analyser ce qu’apporte la pratique saine de la nudité en commun dans la vie de couple et sa sexualité. 

Les troubles psychiques d’ordre sexuel sont intimement liés aux interdits que nous impose la société. Tant que la sexualité se pratique entre adultes consentants et dans un endroit privé, la société ne devrait pas nous inculquer de tabous. C’est en dénigrant le corps et ses fonctions reproductrices que la société crée névroses, culpabilisa-tions et déséquilibres psychiques. D’un côté, s’imposent les interdits et, de l’autre, une exploitation commerciale et autorisée de ces interdits. 

Avant d’être un épanouissement physique, le naturisme est un épanouissement psychologique et, implicitement, il oeuvre pour une société plus vraie, équilibrante et plus juste afin de créer plus d’authenticité. Il s’oppose à l’hypocrisie de la société afin de réhabiliter le corps dans sa nudité, saine et naturelle. 

Pudeur 

La pudeur est difficile à cerner. Elle est souvent élevée au rang de vertu, essentielle à l’équilibre, elle semble natu-relle, quasiment innée. Sans avoir de définition précise, beaucoup l’utilisent pour transformer en vices les choses les plus pures, comme le démontre l’apparition récente des floutages sur les reportages télévisés naturistes. Sous prétexte qu’il ne faut pas choquer, on enlève l’essence même de notre message : « La nudité n’est pas hon-teuse ». 

Pudeur, nudité et sexualité, sont trois éléments liés mais, selon le vécu de chacun, ils seront complémentaires, ta-bous ou représenteront un frein. Dans le chapitre concer-nant les adolescents, nous verrons comment ceux-ci vi-vent cette pudeur. 

Les « non-naturistes » ont du mal à comprendre qu’on puisse être naturiste et pudique ; pourtant l’un n’em-pêche pas l’autre. Qu’il s’agisse de la pudeur ou de la peur de l’autre, la pratique du naturisme dans un lieu sain et familial normalise les rapports aux autres et fait tomber les barrières qui nous empêchent habituellement de vivre naturellement. Car nous sommes tous sur un pied d’égalité en nous faisant confiance réciproquement. Pour les naturistes, s’il y a de l’indécence, elle n’est donc pas à rechercher dans la nudité mais plutôt chez ceux qui la suggèrent pour attirer la convoitise et ainsi l’exploiter commercialement. 

La sensualité, orientée « sensations sexuelles », est sou-vent mise en avant de manière outrancière sur la scène publique. Les tenues suggestives sont très éloignées de notre mode de vie car, contrairement à une majorité de « non-naturistes », les naturistes n’adoptent pas d’atti-tudes provocantes. C’est dans ce contexte que nous ins-crivons notre pudeur, elle se retrouve dans notre attitude et nos paroles, pas sur l’apparence physique car nous sommes tous faits sur le même modèle. 

Le saviez-vous ? 

« Jusqu’au XVIe siècle, nos aïeux couchèrent tout nus. Auprès de chaque lit, on trouvait un barreau de bois appelé la perche, qui servait de porte-manteau, et le long duquel on suspendait une partie des vêtements. On ôtait donc sa chemise avant de se coucher, on la mettait sous le traversin ; et l’on se glissait tout nu entre les draps, ou entre les linceuls comme on disait alors. La pudeur, cette vertu que l’éducation moderne a tant développée n’embarrassait guère nos aïeux. Passe encore de coucher tout nu lorsqu’on couche seul. Mais, au bon vieux temps, on couchait rarement seul. Les lits étaient amples. Chez les gens pauvres, ils abritaient toute la famille et souvent même des hôtes de passage. Dans les auberges, on mettait souvent dans le même lit des gens qui ne se connaissaient nullement. Trop heureux encore quand ces camarades de lit n’étaient point de sexe différent » (Extrait de « Lumière et Liberté » numéro de février 1957). 

Dérives 

Aujourd’hui, dans notre socié-té occidentale, le sexe est om-niprésent. De ce fait, la socié-té nous impose un schéma comportemental pour être dans une norme psycholo-gique. A première vue, cette norme est difficilement conci-liable avec une nudité saine sans d’autres attentes que le plaisir d’être nu, elle n’est guère compréhensible. Mais ceci est un préjugé, notre mode de vie est généralement bien mieux accepté que ce qu’on pourrait supposer à partir du moment où nous le revendiquons. 

En tant que naturistes, nous devons remettre les choses à leur place quand on nous accuse de tous les maux. Pour cela, il faut avoir les bons arguments. Ce n’est pas nous qui sommes pervertis. En France, notre mode de vie est pratiqué depuis plus d’un siècle, notre nudité est familiale, éducative et naturelle. Nous devons être fiers de nos valeurs et de ce que cela implique. 

Quelques détracteurs de notre art de vivre affirment que les naturistes souffriraient de refoulements en répri-mant des impulsions dans leur expression naturelle. C’est mal connaitre notre mode de vie, à moins que ce soit une façon d’exprimer ses propres peurs. Chez une personne non habituée à une nudité saine et naturelle, la vue d’une personne nue peut provoquer un désir inassouvi. Une sorte de confusion entre la vie rêvée et la vie vécue. C’est du moins ce que pensent quelques hommes qui ne comprennent pas qu’on puisse rester « de marbre » face à des corps nus aux beautés désirables. En réalité, l’accoutumance d’une nudité mixte en com-mun permet de désexualiser les relations 

 

Ces amalgames, relancés souvent par les médias, ont nécessité un communiqué de presse de l’Association Naturiste Phocéenne en décembre 2013 : 

« Le libertinage, lorsqu’il est pratiqué en public, devient de l’exhibitionnisme; or l’exhibitionnisme est puni au titre de l’article 222-32 du Code pénal. L’exhibitionnisme est au naturisme ce que le hooliganisme est au football, ça n’a rien à voir. Il n’y a pas de « vrai naturisme » et de « faux naturisme », il y a seulement des pratiques, qu’on ne doit pas qualifier de naturistes, entre adultes consentants, qui devraient se dérouler dans un lieu privé et clos, et une pratique saine et respectueuse de la nudité en commun dans un cadre familial et naturel. L’exhibitionnisme n’est en aucun cas à inclure dans un courant naturiste. » 

Conclusion de la première partie 

Pleinement conscient de l’existence de chaque partie de son corps, le naturiste a une sexualité consciente et maîtrisée. Il a intégré les valeurs de respects d’autrui et réserve ces formidables moments de plaisirs à l’être aimé, en privé. Des moments que nous n’avons pas le droit de juger, quelles que soient les pratiques. 

Le naturisme ne minimise pas pour autant le plaisir des sens. Notre pratique n’atténue pas l’attirance pour l’être aimé. Le naturisme sublime la beauté des corps dans leur aspect naturel et leur acceptation, sans pour autant aboutir à une sexualité refoulée, ignorée ou complexée. 

Depuis des siècles, on nous a éduqués en nous disant qu’on se dévêt uniquement pour se laver ou procréer. Cette éducation a faussé l’opinion générale sur la nudité qui est confondue avec la sexualité. Les hommes se sentent souvent obligés de prouver qu’une femme leur plaît. Qui n’a pas entendu son collègue de travail dire : « Je ne sais pas comment tu fais avec toutes ces femmes à poil autour de toi. Moi, je ne pourrais pas, je serais excité en permanence ! ». Ou la réflexion suivante : « Y a que des indigènes, ou des animaux qui vivent nus, l’homme est fait pour être habillé ». 

En tant qu’êtres humains, nous sommes doués de conscience et avons la faculté de faire des choix. C’est notre esprit qui guide notre corps et non l’inverse. 

Ces amalgames, relancés souvent par les médias, ont nécessité un communiqué de presse de l’Association Naturiste Phocéenne en décembre 2013 : 

« Le libertinage, lorsqu’il est pratiqué en public, devient de l’exhibitionnisme; or l’exhibitionnisme est puni au titre de l’article 222-32 du Code pénal. L’exhibitionnisme est au naturisme ce que le hooliganisme est au football, ça n’a rien à voir. Il n’y a pas de « vrai naturisme » et de « faux naturisme », il y a seulement des pratiques, qu’on ne doit pas qualifier de naturistes, entre adultes consentants, qui devraient se dérouler dans un lieu privé et clos, et une pratique saine et respectueuse de la nudité en commun dans un cadre familial et naturel. L’exhibitionnisme n’est en aucun cas à inclure dans un courant naturiste. » 

B.S

Etude réalisée par Bruno Saurez président de l’Association naturiste phocéenne 

Avec la précieuse collaboration de 

Roxane de Oliveira 

Jacques Adam 

Daniel Brandy 

Patrick Chevalier 

Frantz Crébely 

Jacques Frimon 

Jacques Gana 

Christian Guillaume 

Gérard d’Hyères 

Guy Leduc 

Paul Réthoré 

Cet article a 4 commentaires

  1. Cathy et Pascal CARBONNE

    Bravo pour cette étude…vraiment bien réalisée..
    Tous les sujets sont abordés et développés.
    Aucun tabou n’est écarté.
    Un éclairage sain et vrai sur l’ensemble des naturistes,et de l’humain.
    Les références historiques et littéraires sont parfaites.
    Toutes nos félicitations pour ce formidable travail

  2. Yves POTHIER

    Superbe travail. Bravo

  3. Marc Chaudemanche

    Le dernier paragraphe de l’introduction se termine normalement par :  » Ce qui attribue à notre mode de vie une vision péjorative et rend ce dossier difficile à développer tout en permettant de faire quelques mises au point. »

  4. Scholl

    Excellent texte. Merci

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